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Blaireau

LE BLAIREAU

Description

Le blaireau est court sur pattes.

Sur le dessus du crâne du blaireau, on remarque une forte protubérance. Il s'agit d'une caractéristique des crânes des carnivores, la crête sagittale, qui résulte de la soudure de l'os pariétal abritant le cerveau du blaireau.

Alimentation

Nocturne et omnivore (insectes, rongeurs, tubercules, champignons, très rarement œufs et jeunes lapins), il n'a pas bonne réputation auprès des agriculteurs et des chasseurs. En fait, les végétaux constituent une part bien plus importante de son alimentation que chez les autres mustélidés et les services qu'il rend en détruisant une foule de mollusques, rongeurs, batraciens, serpents et insectes (il dévaste les nids de bourdons et de guêpes) l'emportent largement sur les dégâts qu'il peut causer.

Le saviez-vous? Un blaireau adulte peut ingurgiter annuellement près de cent kilogrammes de lombrics. Il apprécie aussi beaucoup les grenouilles et les vipères dont le venin ne lui fait aucun effet.

Lors des périodes de disette, il lui arrive de prélever quelques épis de maïs dans les champs, mais cela reste très exceptionnel, et ne concerne pas d'autres cultures comme le blé, l'avoine ou la vigne.

Terrier

C'est un animal fouisseur, capable de construire de vastes galeries familiales dans les sols les plus durs. Il ne dédaigne pas s'installer dans des terriers existants (renards), bien que ce soit plus souvent, à l'inverse, les animaux moins bien dotés pour ces travaux qui investissent le terrier du blaireau.

Un même terrier peut être habité des dizaines, voire des centaines d'années, remanié de génération en génération. Un clan familial de blaireaux (un clan est formé d'un groupe de deux à cinq blaireaux plus d'un à trois jeunes) occupe le terrier principal.

Ce terrier est composé de plusieurs galeries qui peuvent descendre jusqu'à 3 ou 4 m de profondeur ; elles mènent à des chambres où mâles, femelles et jeunes passent la journée tranquillement à dormir ou à se reposer sur des litières constituées de feuilles, de mousse et d'herbes séchées qui sont changées fréquemment.

Le terrier des blaireaux se trouve souvent au niveau de reliefs (butte, falaise, talus…). Ils apprécient aussi la proximité des arbres et buissons à baies, tels que le sureau dont ils se régalent l'époque venue. La prolifération de ces arbres doit beaucoup aux animaux : ils en rejettent les graines dans leurs excréments ce qui favorise la germination.

Le blaireau est un grand terrassier ; pour creuser les galeries de son terrier, il peut remuer jusqu'à 40 tonnes de terre.

Des arbres griffés jusqu'à une hauteur de 1,40 m peuvent aussi témoigner de sa présence. Certains terriers sont tellement importants qu'il y a 30 à 40 entrées ; dans ce cas, la surface occupée par le terrier peut atteindre 2 000 m². On parle alors de « donjon » ou de « forteresse ». En moyenne, la taille de son territoire couvre 40 à 50 hectares.

Reproduction et mode de vie

À l'âge de 2 ans, les blaireaux sont en âge de se reproduire. La reproduction se déroule principalement du mois de janvier au mois de mars. Une femelle peut s'accoupler avec plusieurs mâles d'un même clan et peut être réceptive à d'autres périodes de l'année. L'ovule fécondé reste en attente pendant 10 mois avant de se fixer dans l'utérus (ovo-implantation différée).

La gestation à proprement parler ne dure que deux mois environ. Les blaireautins naissent en général l'année suivante vers les mois de février - mars. La portée de 2 à 7 blaireautins restera avec la mère dans le terrier car, comme beaucoup de petits de mammifères à leur naissance, ils ne sont pas en mesure de se déplacer et n'ont pas suffisamment de pelage pour se protéger du froid. Ils ont les yeux fermés. Ils commenceront à sortir du terrier familial vers l'âge d'un mois et demi, et seront allaités pendant trois mois. Après la parturition, le blaireau devient un des rares mammifères monogames où les couples paraissent unis pour une longue période.

Le blaireau n'étant pas très prolifique, il a pâti dans les années 1970 des campagnes de gazage de terriers censées lutter contre la rage. La politique de l'époque était de gazer les renards pour enrayer la progression de la rage. Or si cela n'a jamais empêché le virus de progresser chaque année (jusqu'à l'apparition d'un vaccin dispersé sous forme d'appâts), en revanche les terriers gazés étaient souvent occupés par des blaireaux, qui mouraient soit d'asphyxie, soit sous les balles des chasseurs les attendant à la sortie.

Les blaireaux ne sortent que le soir venu pour aller à la recherche de nourriture et déféquer. Le blaireau peut faire ses besoins dans le terrier, dans des chambres spéciales, mais il les fait le plus souvent à l'extérieur dans des trous en forme d'entonnoir creusés à cet effet. Avant d'aller à la chasse, une séance d'épouillage est pratiquée, qui consiste à se mettre sur le dos et à se gratter ventre et flancs avec les dents et les griffes.

Les petits restent devant le terrier à jouer en attendant d'être nourris. Leurs jeux sont une imitation de la vie des grands (fausse bagarre, creuser, trouver la litière propre et la coincer sous le menton et la poitrine pour la rentrer à reculons). En octobre, les petits atteignent presque la taille des parents.

Pendant la période hivernale, le clan va connaître une période de repos et non d'hibernation proprement dite : ils réduisent très fortement leur activité et vivent sur les réserves de graisse fabriquée pendant l'automne (durant cette période un blaireau peut augmenter son poids de 60%). La dispersion est encore mal connue. Il semblerait que ce soit les plus vieux individus qui quittent le clan et non les jeunes comme chez la plupart des espèces.

Le blaireau peut vivre au maximum 14 ans dans la nature et 16 ans en captivité. Mais en réalité, il est victime d'une mortalité importante, car 50 % des jeunes périssent dans leur première année. Ensuite, la mortalité des adultes est d'environ 30 % par an. Elle touche davantage les mâles, d'où une prépondérance des femelles. Les causes de mortalité sont le trafic routier, la chasse et le piégeage. En France le piégeage du blaireau n'est pas autorisé.

Menaces, dynamique des populations

Cette espèce a disparu d'une grande partie de son aire de répartition naturelle, du fait de la chasse, du piégeage et de la dégradation ou destruction de ses habitats. C'est une espèce qui est notamment aussi victime du phénomène de roadkill (animaux tués, écrasés ou blessés par la circulation routière).

Il est protégé depuis 1992 au Royaume-Uni, où il fait aussi l'objet d'un élevage conservatoire et de réintroduction.
En Belgique où le blaireau est protégé, des passages à blaireaux (écoducs spécialisés, en réalité de simples tuyaux de béton, type canalisations d'égouts) passent sous les routes pour aider les blaireaux à se déplacer sans se faire écraser ou blesser par les véhicules. Cette opération a permis de stopper la diminution de certaines populations.

Cette espèce est sensible à la tuberculose bovine, qu'elle peut contracter à proximité d'élevages touchés. Détruire des blaireaux sains par chasse ou piégeage peut éventuellement faire venir des individus "colonisateurs" de secteurs infectés et contribuer à étendre une épidémie.

Polémique sur le déterrage du blaireau

Dans certaines régions, il existe un loisir ou mode de chasse dit « déterrage », dont le but est d'attraper le blaireau enterré au fond de son trou, en creusant pour atteindre une chambre du terrier et en utilisant des chiens spécialement dressés pour mettre le blaireau à l'accul, c'est-à-dire le coincer au fond de son trou. Certains déterreurs reconstruiront le terrier au mieux pour pouvoir revenir déterrer l'année suivante. Cette reconstruction s'effectue en plaçant des morceaux de bois que l'on recouvre de terre afin de ne pas détruire l'habitat naturel.

Le déterrage est remis en cause par certains défenseurs de la cause animale car cette pratique est jugée cruelle et irréfléchie. De plus, le blaireau peut parfois se faire mordre par les chiens. Il reste pour autant une tradition cynégétique puisque dénommé plus exactement "vénerie sous terre". Lors de cette chasse, l'animal est attrapé par des pinces métalliques et "servi" à la dague. Pour certains, il s'agit d'une destruction aveugle et pour d'autres, d'une simple activité de chasse. En effet, le blaireau n'est pas classé dans les animaux nuisibles mais susceptibles d'être chassés. Cependant, le déterrage se fait souvent en pleine période de reproduction et nuit gravement à l'équilibre du biotope.

Plus largement, des questions se posent sur la démographie du blaireau, qui pourrait être en grande diminution et qui a déjà disparu d'une partie importante de son aire potentielle de répartition. La densité de blaireaux en Lorraine est de 0,53 ± 0,22 adulte/km² .


 


 

Source d'informations :

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